Le Paradis des rencontres

Vagabond(e) Nombre de messages : 4 Date d'inscription : 25/09/2008

Clothilde et Bartholomé se baladaient lentement main dans la main le long du verger. Leurs ages avancés ne leur permettaient pas d'aller très loin, le plus souvent ils ne s'éloignaient que très peu de la ville. Mais ce jour-là c'était différent, c'était l'anniversaire de leur rencontre. Il s'était connu il y avait 40ans tout juste, leurs vies avaient été bien remplies, une vie pas facile mais leur amour avait traversé des épreuves et avait survécu durant toutes ses années. Lui avait travaillé dans les champs jeunes avant de posséder le sien, et elle avait réalisé des travaux de couture pour les habitants de la ville.

Après avoir longés la somme,ils marchèrent encore de longues minutes, ils ne se parlaient pas car au fond 'eux ils pensaient tous les deux au même lieu, un lieu qu'il n'avait pas revu depuis qu'ils s'étaient dit oui et qui faisait remonter d'anciens souvenirs ; le temps d'un moment ils se revoyaient beaucoup plus jeunes lors de leur première rencontre à cet endroit, leurs premiers baisers échangés, leurs premiers câlins... chaque étape de leur amour avait été partagé dans ce lieu. Leurs esprits n'eurent pas le temps de se remémorer tous ces instants qu'ils arrivèrent à leur coin de paradis... les choses avaient changé, avant il y avait devant eux une petite bâtisse qui bien qu'abandonnai leur avait convenu pendant de longues années. Aujourd'hui il ne restait que des ruines envahies par la végétation, seul un morceau de façade tenait encore debout. Leurs deux regards s'entrecroisa et la magie de ce lieu était tellement encore présent que ceux-ci contenaient plus d'émotions qu'aucun mot ne pouvait représenter. Il s'était promis de revenir ici une dernière fois quand ils sentiraient que leur vie serait derrière eux et maintenant c'était chose faite. Bartholomé finit par prendre la parole malgré des frissons qui parcouraient son corps:

Notre paradis a beaucoup changé mais je sens encore l'amour que nous avons partagé en ce lieu. On ne devrait pas laissé cet endroit comme ça mais essayer de l'arranger pour lui dire au revoir une dernière fois. Il se tourna lentement vers celle qui avait remplit sa vie de bonheur.

Clothilde était encore absorbée par ses émotions, et un long moment passa avant qu'elle ne put formuler un mot:
Oui tu as raison, nous devons beaucoup à ce lieu, nous devons lui donner une seconde vie, c'est ici que nous nous sommes rencontrés et ce serait magnifique si d'autres personnes vivaient ce même moment ici.

Ils passèrent encore de longues minutes observant chaque détail autour d'eux, se rappelant de chaque instants vécus à cet endroit. Puis ils discutèrent en reprenant le chemin du retour de la façon de transformer ce lieu en un nouveau paradis tel qu'ils l'avaient connu.

Plusieurs jours après leur passage à leur paradis, ils reprirent à nouveau le chemin armés de quelques outils, la journée serait longue et difficile pour eux, ils étaient moins vigoureux et chaque effort était des plus fatiguant. Arrivés près des ruines ils se mirent tous les deux au travail, Bartholomé s'occupant à édifier un banc près de la façade tandis que Clothilde aménagea l'espace vert autour du futur banc. A la fin de la journée, épuisés ils se posèrent sur le banc heureux d'avoir accompli quelque chose qui leur tenait à cœur. Leur regard parcourut le paysage, à droite le verger débutait et s'étendait le long de la somme:
Le Paradis des rencontres Verger-automne-06

Le Paradis des rencontres Verger-automne-06

à gauche le verger disparaissait pour laisser place à quelques arbres et à de la végétation.:
Le Paradis des rencontres Hhhh

Il se levèrent ensuite et leurs regards se portèrent sur ce nouveau lieu:
Le Paradis des rencontres Banc-plume-g

ils espéraient au plus profond d'eux que de futurs couples se formeraient ici. Pour eux c'était la dernière fois qu'ils venaient, ils reprirent le chemin du retour sans se retourner, leur temps était révolu...

A la lueur du clair de lune, on apercevait la Somme qui sifflait doucement en s'étendant à perte de vue. Comme un bruit de soie qui glisserait lentement contre un autre lambeau de soie.
On apercevait également les derniers vestiges de ce que l'on devinait être autrefois une bâtisse chaleureuse mais qui se trouvait aujourd'hui à l'abandon. Sans doute ses habitants étaient-ils partis pour de meilleurs astres et une meilleure vie.
Le bruit des arbres, des feuilles tourmentées par le vent, se voulaient presque complices d'une future rencontre qui, Jaid le savait, n'aurait probablement jamais lieu.

Absorbée par des pensées imprécises, par les odeurs venues des cheminées lointaines du village, là où se mélangeaient pour la dernière fois les épices et les senteurs des fruits avant de s'évaporer à jamais dans l'air, Jaid mit un certain temps à s'apercevoir qu'un banc était placé là, comme volontairement, tout entouré de feuilles, comme par magie.

On aurait dit un petit paradis placé au beau milieu du Verger ; un endroit d'une autre histoire, de tranquilité, un endroit où tout semblait possible.

Jaid s'assit en lâchant un léger soupir.
Il y avait bien longtemps qu'elle ne croyait plus au bonheur, ou plutôt, qu'elle avait oublié les délices que celui-ci pouvait apporter.
Les folies, les ronronnements, tout cela lui semblait surfait. Le seul être qui ait fait récemment scintiller une petite étoile dans la constellation de son coeur se trouvait bien loin et d'ailleurs, même face à elle, il ne l'aurait probablement pas remarqué.

Jaid ramassa négligemment une branche morte tombée d'un pommier.
Que peut-on attendre d'un marchand ambulant qui a déjà tout vu, tout connu ?
Il était déjà certainement parti sous un ciel meilleur, celui de sa propre destinée, à lui... et le laisser vivre cette destinée sans le freiner était sans aucun doute la meilleure preuve d'amour que Jaid pourrait jamais lui donner.

Elle se leva rapidement et jeta la branche morte à terre dans un geste de colère et de lassitude.
Si seulement... Si seulement....

Il s'était levé de bonne heure se matin afin d'échapper à sa toilette quotidienne pour mieux aller courir la fifille dès l'aube.

Il n'était pas bien malin mais il savait quand même que seule l'aube pas encore sorti de la nuit lui permettrait de faire illusion à la gueuse innocente qui ne verrait pas encore bien son visage.

Alors, à pas de loups, il avançait discrètement en faisant de grandes enjambées vers une grand baraque devant laquelle il savait qu'il y avait un banc.
Il y avait de belles Gertrudes dans le village, il les avait repéré meme s'il avait un faible pour la rouquine.

Tout guilleret, les mains poisseuses remplies de fleurs des champs, il se mit à attendre la fifille...

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