Messire Malbrouk sur un arbre perché

Un cri résonne près du verger, mélange de colère et de profonde solitude en un moment difficile.

Argh...AU SECOURS...Y'a kinkin...siouplait...

Inutile de chercher à vue d'homme, le desesperé se trouve dans sa petite cabane montée à la va-vite sur un immense pommier qu'il a découvert et "aménagé" afin de s'assurer que personne ne viendra lui dérober ses quelques biens...



Palsembleu, faut-il être abruti pour faire tomber la corde de là haut ?

Malbrouk regarde la liane narguant au sol ses yeux bleus et passablement embués par l'énervement.

Tout s'était bien passé pourtant, il avait certes mis du temps à construire sa bicoque en prenant soin de ne pas abimer son arbre et désormais compagnon, il avait pris un certain plaisir à lancer quelques pommes bien mûres sur quelques passants innocents ce qui le confortait dans l'idée qu'il serait un bon lanceur de soule et qui comblait ses pulsions de gamin invétéré.

Il avait même réussi à poser dans sa bicoque aérienne des portraits de lui plus jeune ainsi que quelques objets qu'il n'abandonnerait pour rien au monde lui rappelant moultes souvenirs et fous rires.

Par Aristote, qu'il était crédule à cette époque, depuis l'alcool s'était chargé de le durcir un peu

Et là, tellement sûr de servir des bonnes causes pour divers groupuscules...

Là, c'était sa première vessie de porc qu'un grand capitaine lui avait confié...

Puis tellement de maillots portés, belles excuses pour vider les futs de bière ou autres spécialités...Il n'y avait pas eu que des maillots d'ailleurs...

Tous ces souvenirs pour finir perché sur un arbre à crier à qui voulait bien l'entendre.

AU SECOURS !!! A L'AIDE !!! J'AI MÊME PAS DE QUOI BOIRE !!!
Ahhhh...Pour sûr, la vue est belle mais bon... :

Ha non ! Ha Non ! Ha Non ! Beuglait une voix au loin. Il n'est pas du tout question de ça ! Ha non ! Ha non !

Et à travers l'avenue du Cange, on pouvait entendre les claquements des pas d'un cheval résonner, ricocher, et imaginer qu'un cavalier en armure s'approchait en maugréant.
Le bruit était tel qu'on pouvait même imaginer ce cavalier dégainer une épée de son fourreau, sans mobile apparent, en s'approchant de la demeure du Sire Malbrouck.

Mais non, c'était Jaid, tenant son cheval en longe puisque le bougre refusait de se faire monter, qui trottinait d'un air mauvais et déterminé en direction de l'arbre.
Furieuse de rester comme une idiote à s'énerver en cherchant quelque endroit où attacher son toquard, elle se résolut à justement prendre office de l'arbre à cabane avant d'entreprendre de l'escalader en regardant le Sire Malbrouck droit dans les yeux.

Une fois parvenue à sa hauteur, elle s'engagea dans son premier litige de voisinage.

Enfin Messire, c'est tout à fait inconvenant ! Figurez-vous que j'admirais tranquillement mon horizon depuis ma cabane lorsque je vous ai soudain vu vous promener tout nu depuis la votre ! Et le jour de mon baptême en plus !!

Elle s'arrêta pour réfléchir un instant, puis continua.


Figurez-vous que moi aussi j'aime me promener toute nue dans ma cabane ! Comment allons-nous régler cette affaire ?

Elle attendit sa réponse en claquant du pied, se disant que....non... pas encore.... mais alors là ce ne serait plus un prétexte mais une....obligation ?

Dans un sourire en coin, et en prenant soin de regarder si personne dans l'avenue du Cange ne levait le nez en l'air, elle sortit de sa chemise une bouteille de Calva. Ses réserves personnelles commençaient à s'épuiser mais le désordre était tellement devenu une seconde nature chez elle qu'elle retrouvait toujours une dernière bouteille de derrière les blés.

Agitant sa bouteille devant le Sire Malbrouck dans un sourire bête et euphorique, elle finit par dire sur un ton de cachotterie :


A moins qu'une bonne boulasse ne règle le problème ? Si nous voyons trouble tous les deux, il n'y aura plus d'inconvenance ?

Tandis que Malbrouk succombait au desespoir perché sur son pommier sans une fiole d'un quelconque alcool, il aperçut un cheval ô combien monstrueux tiré par une silhouette qui lui était de moins en moins inconnu et qui était à l'inverse de la bête, ô combien délicieuse à admirer.

C'était la belle Jaidelachance qu'il avait eu l'occasion de savourer sous toutes ses formes depuis la construction de sa cabane et ce, sans le moindre regret car il n'était pas encore baptisé et surtout parcequ'à sa connaissance, le "pêché des yeux de lynx appréciant les belles plantes" n'était pas considéré comme un pêché capital...

Qu'il faisait bon de la voir pour deux raisons :
1 - Elle allait enfin lui lancer la corde qu'il avait fait tomber au sol parceque lui savait pas grimper aux arbres.
2 - Il trouvait qu'à choisir entre Jaidelachance toute nue mais trop loin et Jaidelachance habillée mais si près, il n'y avait pas à réfléchir, c'était plus agréable de la sentir à ses côtés même si c'était pour se faire réprimander...

Citation :

Enfin Messire, c'est tout à fait inconvenant ! Figurez-vous que j'admirais tranquillement mon horizon depuis ma cabane lorsque je vous ai soudain vu vous promener tout nu depuis la votre ! Et le jour de mon baptême en plus !!

Rhôôôôôô, gente dame, vous me voyez contris d'une telle situation, je ne pensais pas être visible à ce point et d'aussi loin...
Il est vrai que je suis plutôt bien...fourni et je vous prie de bien vouloir accepter mes plus sincères excuses...

Tentant de changer de sujet.

Alors vous allez vous faire baptiser ma dame, qu'Aristote soit avec vous...

Mais la farouche n'écoutait pas et relanca la discussion.

Citation :

Figurez-vous que moi aussi j'aime me promener toute nue dans ma cabane ! Comment allons-nous régler cette affaire ?

Malbrouk savait pertinement qu'elle se promenait nue dans sa cabane et il trouvait celà très appréciable mais en aucun cas il ne devait le lui apprendre.

Par Aristote, Dame Jaidelachance, vous n'imaginez pas que j'ai pu profiter de ma position...élevée pour vous savourer...euh...je veux dire pour vous voir !
Sachez de plus que j'ai une très mauvaise vue ce qui me pose d'ailleurs d'énormes soucis, regardez donc en bas j'ai fait tomber ma corde, les problèmes de vue c'est terrible vous savez...Hum...

Un silence gênant envahit alors le théatre de la discussion quand elle sortit alors de sa chemise une bouteille de...

CALVAAAA !!!

Citation :

A moins qu'une bonne boulasse ne règle le problème ? Si nous voyons trouble tous les deux, il n'y aura plus d'inconvenance ?

Oulala gente Dame, decidemment, vous êtes un miracle à vous toute seule, vous avez réponse à tous les problèmes !
Pourriez vous tout d'abord récupérer la corde que je l'accroche et je suis à vous en compagnie de cette chère bouteille.

Non sans un soulagement intense, il accueillit alors la belle et la bouteille dans son petit intérieur quelque peu spartiate mais si agréable en de telle condition.

Il se placa à côté de Jaidelachance peut être un peu trop près mais le bonheur l'emportait sur la raison et Calva aidant, il tenta une approche circonstanciée.

Vous savez Gente Dame, peut être que nous pourrions élaborer un système de passerelle de votre charmante demeure à la mienne et ce afin que nous puissions nous prévenir quand nous souhaitons sortir de façon légère et puis après tout, ce problème n'est pas vraiment un problème, nous sommes bien au dessus de toute cette pudibonderie...
Hum...N'est-il pas ?
Calva ?

Le Calva était salutaire pour Malbrouk qui estimait que pour éviter de boire comme il l'avait promis à sa marraine, il fallait réduire les doses sans brusquer les choses.

L'impatience menait souvent à des échecs cuisants, son foie douloureux d'ivrogne en faisait foi et il savait que la proposition de passerelle faite à Jaidelachance devait être traitée de la même façon : en douceur...

Bouteille vide à la main et sourire benêt à l'appui, il s'apprêtait donc à embrasser en douceur la belle...jouvancelle quand elle disparut sans qu'il comprenne comment.

Par Aristote et tous les Saints qui ne viendront jamais à moi !
OUKELE ?
Comment qu'elle a fait ?

Son cerveau aussi était patient et il prit tout son temps pour faire comprendre à Malbrouk qu'un incident avait eu lieu.

DEDIOU, la chtiote est tombée !!!
J'aaaarrrriiiiive, la belle !!!

Il s'agrippa à la corde en criant.

Ayiaye iaille iaille !!!

Et chuta avec la liane qu'il avait oublié d'accrocher en haut de l'arbre.
Le sort voulut qu'il s'effondre à côté de Jaidelachance et assumant son rôle de sauveur jusqu'au bout, il prit le temps de dire.

Ne vous inquiètez pas ma Dame, je viens vous aider !

Une telle chute ne pouvait pas être dangereuse sauf cas de malchance mais le calva aidant, Malbrouk resta allongé non sans se lancer dans une longue diatribe au lieu de s'assurer du bon état physique de Jaidelachance...

Belle Dame, sachez que vous êtes la première Dame à m'avoir appeler Messire ou plutôt sîîîîîre, auparavant je n'avais droit qu'à "goujat", "sale ivrogne", "voyou", "touche pas à mes fesses coquins" ou tout simplement "çà y est t'as fini ?" dans certains taudis malfamés mais jamais ô grand jamais... sîîîîîîre.

J'ai traversé bien des comtés ma Dame, j'y ai vu de beaux paysages aussi beaux que puissent être laides les guerres auxquelles j'ai assisté, j'ai voyagé et marché aussi loin que ma volonté pouvait m'emporter, j'ai croisé de grands personnages qu'ils soient hommes ou femmes, certains sont morts d'autres vivent encore, tant de souvenirs sur une si fragile barque qu'est mon âme et pourtant il faut que vous le sachiez vous êtes la créature qui me fait chavirer et ce n'est pas le calva , vous me faites chavirer au point que j'en ai oublié mon passé, grâce à vous je suis un homme nouveau mais plus un spectateur, vous m'avez appelé Sîîîîîîre et j'ai l'impression de renaître, je me doute qu'une charmante dame de votre trempe doit avoir un homme dans son coeur et bien sachez que vous resterez quoiqu'il en soit cette jolie petite musique dans ma tête qui me fait danser mon coeur...

Tendant la main sans bouteille.

Calva ?

Jaid avait encore le visage collé de brins d'herbes et ses cheveux, en bataille tout comme ses pensées, étaient loin de la mettre à son avantage.

L'instant était tragique car elle regardait L'HOMME avec de grands yeux bêtes, lèvres ouvertes, lui qui un moment auparavant n'avait pas hésité un seul instant à se jeter heum...du vide ... pour venir la sauver.
Même le cheval semblait épouvanté par la scène .


Il lui semblait qu'elle ne comprenait pas tout car enfin, quelle femme digne de ce nom aurait pu dire un jour à ce charmant coquin : "Touche pas à mes fesses ! " ou "Ca y est t'as fini ?" ( * Surtout sachant que * ) ou encore "Sale ivrogne", ce qui était une qualité trop souvent méjugée ?


Elle qui n'était en fait qu'une nymphette pas trop charnue et assez fouillie dans ses actes comme dans ses pensées, elle qui n'était rien ni personne, comment pouvait-elle faire chavirer un tant soit peu les sentiments de cet homme qui semblait en avoir tant vu.
Il aurait été un trop beau cadeau pour elle, oui, il SERAIT trop beau qu'elle puisse un instant imaginer partager ses beuveries solitaires ( et souvent camouflées ) avec cet homme si drôle qui, de plus, semblait tant apprécier le Calva

L'instant, donc, restait tragique. Il y eut un moment de silence qui sembla peser sur les nerfs du dada car il paraissait se moquer de Jaid en l'observant d'un air...

Alors, sans plus réfléchir, et ne sachant que dire à cet homme qui venait de lui caresser le coeur comme par la magie d'une douce vague, elle ne put que faire que la chose qui s'imposait :

Oh oui Calva !!!

... Mais alors que tous deux se relevaient péniblement en s'accrochant l'un à l'autre, se gênant presque dans leur longue levée d'où l'on pouvait entendre de légers râles d'ivrognes, Jaid posa ses mains sur les joues du Sire Malbrouck et de sa bouche, elle trouva les lèvres chevronnées de l'homme.
Pour la première fois, elle osait....


Je vous envoie un pigeon, lui glissa-t-elle au creu de l'oreille. Un VIEUX Pigeon ! Précisa-t-elle.


... Et elle partit le coeur léger en direction de chez elle, oubliant le dada accroché, songeant déjà à ce qu'elle allait rédiger au pigeon...

Les frissons envahissent tout son corps, entre ce baiser et sa voix glissant : "je vous envoie un pigeon" à son oreille, Malbrouk ne sait pas si la chute ne l'a pas atteint.

Tout en se tapotant les membres pour s'assurer que tout va bien, il se répète : je vous envoie un pigeon, je vous envoie un pigeon, je vous envoie un pigeon...

*Ce n'est certes pas romantique mais c'est peut être une tradition dans le coin.*

Il aurait aimé une bouteille, un baiser plus long, une caresse mais il aurait droit à un... pigeon , un piaf noir et blanc qui fait rrrourrrou.

Ma foi, c'est un premier pas...

Puis il passe ses doigts sur ses lèvres et se remémore ce doux instant qu'il veut revivre mille fois avant que la sensation disparaisse.

Soit, j'attendrai le pigeon, jeune ou vieux peu importe du moment qu'il ne se pose pas sur moi, horreur des bestioles à poil, à plumes ou autres moi hein !

Il entend alors un bruit étrange.
Il tourne la tête vers un autre arbre et découvre le canasson que sa tendre avait oublié

AAAHHHH !!!
Qu'est ce que tu fais là toi ?
Me...Me fais pas...ME FAIS PAS CACA SUR MON TERRAIN !!!
Arghhh !!!

Tout en se tenant la gorge.

Arf...Faut-il que je la désire ma Jaidelachance pour ne pas découper cette chose en fine tranche de viande...

Déjà, arrête de me regarder comme çà toi, méfie toi, je peux être méchant quand je veux !

Puis il récupère sa corde et tente autant que faire se peut de l'accrocher à l'arbre en la lancant et en grommelant.

Une fois en haut, il regarde la cabane si lointaine de la belle et pense tout haut...

Reviens moi vite, reviens moi vite...

Un pigeon, très vieux, voire très très vieux, limite en fin de carrière, arriva comme susdit en haut de l'arbre du Sir Malbrouk.

Le volatile n'était pas bien solide et le poids du message qu'il transportait le faisait presque voler en zig-zag, tant et bien que lorsqu'il se posa enfin sur le pommier de son destinataire, il se suicida immédiatement.





Cependant, empreint de toute la conscience professionnelle dont la nature l'avait doté, il n'oublia pas avant l'acte fatal de déposer le mot de son expéditrice presque aux pieds du Sire Malbrouk.

Citation :

Cher Malbrouk
Pardonnerez-vous mon outrecuidance qui, telle une chienne de buveuse de Calva


Cher Malbrouk
Pardonneriez-vous à la vîle chienne de buveuse de Calva que je...


Cher Malbrouk
Telle une chienne de buveuse de Calva amoureuse, je vous


Cher Malbrouk

Cher Malbrouk

Telle une
Cher
Malbrouk
Voisin
( NERFS )

Cher Ami,

Je vous informe que je me promènerai toute nue ce soir dès lors que le soleil couchant illuminera les premières racines de ma cabane, côté chambre. Curieux hasard me direz-vous, mais... je ...n'ai...pas trouvé de meilleur créneau horaire pour être vue à mon avantage rentrer chez moi après une dure journée à la caserne.


Je compte bien sûr sur votre discrétion ainsi que cela était convenu entre nous, j'espère également être la première avertie dès lors que vous en ferez autant


Ci-joint à ce mot une lentille de forme convexe qui vous offrira une image agrandie de vos nombreuses lectures et augmentera considérablement la portée de votre mauvaise vue.
Vous verrez, je l'ai testé moi-même, l'agrandissement est formidable !


Sachez également que je serais en Taverne ce soir demain ce soir très bientôt et que j'ai hâte de trinquer à nouveau avec vous.

Merci pour le baiser, vous m'avez touchée Sire.
J'espère que le pigeon vous plaira , une bouteille de Calva eut été trop lourde, la sale bête aurait pu l'abandonner en vol.

Ivrognement
Respectueusement

Avec toute ma tendresse.
Jaid.

Un grand cri résonne jusqu'au village.

YAHOOOOO !!!

Malbrouk ne cessait de gigoter dans son perchoir tenant la lentille et le message dans la main tout en grignotant le pigeon cru pour faire honneur au sacrifice du volatile rourrrrou...

Assis, debout, assis, debout, vers la corde puis dans la cabane, un va et vient sans fin... enfin...voilà quoi

Qu'il était content le bougre, il se devait d'être un minimum présentable mais il n'avait toujours pas trouvé de braies à sa taille aussi se contenta-t-il d'un vieux kilt porté lors de ses matchs de Soule...

*Le ridicule ne tue pas hein ?*

Rangeant délicatement le message et la lentille dans sa boite à trésor contenant...7 écus... il se rua dans les tavernes d'Amiens mais ne trouva pas sa belle.
Il avait rencontré une voisine et un gentilhomme au nom de Minetti mais pas sa Reine des arbres...

Clopin clopant, kilt sur les hanches et basse il rentra donc direction sa bicoque humant bon la pomme.

Il salua le canasson oublié et lui donna même à manger et à boire dans un silence desespéré.

Chausses neuves dans le crottin genereusement distribué par la bestiole et kilt maché par le ruminant, il n'avait même plus goût à boire...

Il ne lui restait plus que la lentille quant au cheval, il s'était chargé de défaire la tenue de Malbrouk.

Perché sur son arbre, lentille exceptionnellement grossissante à l'oeil, langue pendue et appliquée, il cherchait sa belle aux lèvres si douces.

Personne, crénom, personne...

Il récupéra quelques pommes bien mûres et s'en délesta en visant en cachette le moindre passant qui osait troubler sa détresse.

SPLOK !!!
Aïe et un passant
Jaidelachance...snifff...

SPLOK, SPLOK
Aïe, aïe, mais qui ? et deux
Ouarf...Jaidelachance

SPLOK, SPLOK...SPLAFF
Au secours !!! trois...
Ouaiiiis, trop fort !

Ainsi journée passa-t-elle, Malbrouk au lancer, passants agressés et coeur délaissé.

Après des journées harassantes à travailler pour les autres, Malbrouk avait réussi à s'acheter des braies et une chemise puis économisé suffisamment d'écus pour pouvoir se réfugier dans son perchoir avec de la bière à profusion.

Il s'allongea sur sa couche non sans avoir jeté un oeil vers la demeure de sa voisine de fortune sans rien y voir puis il bu, bu et bu jusqu'à n'en plus pouvoir mais étrangement au lieu de s'endormir avec la sensation d'être sur un bateau comme à l'habitude, il entendit du bruit et ce n'était pas la bestiole à quatre pattes qui avait pris ses appartements en bas de l'arbre.

Qu'est ce c'est ?
Halte à l'opportun, je suis encore en état de me défendre !

Une voix criarde répondit alors

N'ouvre pas les yeux Malbrouk, tu risques de prendre peur, je ne suis que toi en plus sombre...

Ce à quoi l'ivrogne riposta de toutes ses forces en ouvrant avec difficulté un oeil

AAAHHHHH !!! Quelle horreur !



Rhôôô, fais pas de chichis Malbrouk et surtout ne réveille pas l'autre...

Bouteille à la main et prêt à se défendre.

Qui çà l'autre ?

réponse à basse voix

Ben la gentille, quoique... gentille est un bien joli mot, pour ma part je considère que c'est une casse-pied avec ses sermons mielleux et sa notion du çà du moi et du surmoi, conscience, inconscient, pfff...barbante quoi...
Je venais juste pour prendre des nouvelles de toi, il me semble que tu prends un mauvais chemin, déjà tu bois moins ensuite je ne te vois plus insulter ni même t'adonner à quelques altercations contre d'autres âmes perdues quant à la luxure, n'en parlons plus, tu deviens aussi mou qu'un boeuf et je ne te le cache pas...Cà m'inquiète !
Argh zut la voilà justement !

Apparut alors une créature à la voix chantante encerclée de mille lumières



Laisse le donc, oiseau de mauvaise augure, ne vois tu donc pas qu'il a cessé d'être un vulgaire vagabond, qu'il travaille durement pour s'intégrer comme un bon paysan dans cette ville, je ne déplore qu'une chose c'est sa propension à tromper l'ennui avec l'alcool mais il suit tout de même le bon chemin et tu ne pourras plus rien y faire...

Riposte immédiate de la sombre créature

Mouarf, Malbrouk, c'est toi, moi, lui et tu ne pourras jamais être sûre qu'il changera définitivement !

Le pauvre Malbrouk n'arrivait pas à y croire ses yeux ni ses oreilles et se contenta de répondre.

Pouvez pas me laisser dormir siouplait ?
Je dois oeuvrer sur mon champ demain...

Il s'écroula sur sa couche et ferma les yeux

Bonne nuit Malbrouk
Bonne nuit Malbrouk

Réponse de l'interessé.

Gniagniagnia...

Le silence revint et le brave ivrogne obtint peut être en guise d'excuse une musicienne à lui tout seul qui lui joua un air avec un étrange instrument

http://fr.youtube.com/watch?v=HSECkRnpsDE&feature=related

Un jeune pigeon tout fringuant volait gracieusement autour de l'arbre de Malbrouk, formant des arabesques inutiles dans une démonstration d'énergie tout aussi inutile.
Le volatile, fier mais assez néophyte semble-t-il, se demandait où il allait bien pouvoir se poser. Après maintes hésitations il stoppa son vol sur une planche de bois et, voyant les restes machouillés de l'un de ses vieux congénères pigeon, il déposa son message et repartit illico en poussant un piaillement effrayé.

Citation :

Mon bien-aimé,

Ma glissade à la Taverne hier soir a été fatale.
Je me retrouve alitée avec une bosse sur la tête et hystérique au creux de ma couche : Comment vais-je pouvoir faire mon sport quotidien ?

Heureusement cette mésaventure me donne tout le temps de réfléchir à votre cadeau d'anniversaire...
Des fleurs ? Ce serait certainement déplacé pour un homme aussi viril que vous.
Un jambonneau ? Vous n'en feriez qu'une bouchée.
De l'argent ? Je sais que vous n'êtes pas à vendre.
... Reste bien sûr l'idée du cailloux en plein visage, je sais d'avance que l'idée vous séduirait mais vous avez besoin de garder vos deux yeux pour briller aux yeux de tous lors du prochain match de soule... votre vue est déjà bien mauvaise...

Me voilà dans de beaux draps, si j'ose dire, car les miens se sentent bien seuls je manque d'idée pour vous satisfaire pleinement lors de cette occasion que j'aimerais exceptionnelle pour vous.
Bien sûr la femme pure, vierge et non baptisée que je suis s'en voudrait de vous lancer directement une invitation à vous rendre à son chevet mais je pense que le village ne verra aucune offense ni aucun ragot à ce qu'un ami vienne rendre visite à une amie afin de l'aider à se sentir mieux tant moralement que physiquement , vous pourrez ainsi me dire ce qui vous ferait tant plaisir pour votre anniversaire.

Je comprendrais que vous ne veniez pas, soucieux de la bienséance qui vous caractérise et que je respecte depuis que j'ai la joie de vous connaître. Je ne voudrais pas que l'on entâche votre réputation pour une partie de jamb simple visite de courtoisie jusqu'à ma cabane dont la chambre se trouve au fond, à droite, dans le renfoncement du bout du couloir, attention ne pas se tromper avec le débarras, de toute façon j'ai placé des flèches partout.


Je trempe mes lèvres mouillées de Calva en signature de cette missive.

qui pense à vous.


Ps : Si vous venez, n'oubliez pas votre kilt qui vous rend si... si...

Une seule chose à faire Y ALLER...

TAÏO !!! TAÏOOOOOO !!!

Alors euh hum..... .... soufflait une voix dans les buissons.

Vêtue de son plus bel uniforme, le plus jaune et le plus sévère qu'elle ait pu trouver dans sa garde-robe, Jaid avait traversé les champs boueux d'Amiens afin d'arriver près de l'arbre de Malbrouk à revers. Croyant avoir entendu un bruit elle avait plongé dans les fourrés, barbouillant immédiatement sa belle tenue qui lui servait pourtant d'alibi pour venir jusqu'ici.

Un regard à droite, un regard à gauche, c'est qu'il ne fallait pas que le village puisse ragoter. Elle tendit le nez vers le haut : Seul indicateur fiable que personne ne traînait dans les environs... ... personne.

Pourtant les prétextes ne manquaient pas pour venir rendre visite à son beau héros dégarni du poitrail.
Elle aurait très bien pu se lancer dans une démarche du style :

Oh, tiens, je passais par-là, comment allez-vous ?
Non, trop distant.

Il y a le feu dans ma chambre, venez m'aider
Non, pas très réaliste, il y avait des voisins plus près de chez elle...

Mon cheval est malade, il vous réclame...
Ca, il faudrait qu'ils en parlent.

On remet le couvert ?
Non, trop direct !

J'ai trouvé des herbes pour votre poitrail
Non, ça blesserait son ego.


Bon... le principe de l'uniforme était encore ce qui lui restait de mieux. Elle ruminait encore son discours dans sa tête , sous prétexte d'un recensement, ayant peur de mélanger les mots... C'est qu'elle avait eu beau répéter tout le temps de son bain, rien de concret n'était encore venu.
Tremblante, elle sortit des buissons avec tout le bardas qu'elle avait pris pour rendre sa visite plus crédible.
C'est alors qu'elle aperçut L'HOMME en plein travail...
... Vision idyllique d'un futur prometteur et florissant.

Ayant soudain pleinement conscience de son ridicule, elle s'approcha et s'entendit entamer, comme au ralenti, une conversation qui, elle le savait, allait fatalement tourner au fiasco...

Vous tombez bien Messire, Amiens s'intéresse à ses fidèles travailleurs. Je suis venue prendre le pouls de votre degré de tolérance face à l'expression orale, y compris en étudiant les changements d'attitude dans le temps par rapport aux mêmes expressions... et par rapport à d'autres ouï-dires...

Alors...euhm ? Je note...


* Un fiasco ma fille, un fiasco... *

Allongé et vin coulant à volonté dans son gosier toujours plus assoiffé, l'ivrogne semblait être en pleine discussion avec son propre...moi.

Allez Malbrouk, fais pas le sourd, çà marche pas avec moi ivrogne !
Tu m'as entendu ?
Tu vas pas te laisser aller quand même ?
Tout çà pour une petite jouvancelle, certes mignonne, mais par l'enfer, j't'en offrirai plein des femelles si tu veux. Hein ?
Té, j'ai même une idée, tu vas ouvrir un bordel, çà va avoir un succès fou et question crac crac t'auras ton compte !
Malbroooouuuk !!! Répond moi ! Mais qu'est ce qui t'arrive ?
Tu vas pas te résoudre à signer pour l'éternité auprès du zozo d'en haut pour quelques feux d'artifice, j'peux t'en donner moi des belles rouges, des belles vertes et puis celle là regarde : ôôô la belle bleue !!!
Crétin...euh...Malbrouk, c'est pas l'amour qui t'est tombé dessus, c'est...comment dire...le bonheur et tu sais que le bonheur c'est pire que tout beurk : non content d'avoir l'air idiot, tu vas être cocufié un jour ou l'autre et moi je préfère que tu cocufies et que tu me montres des choses sales et perverses , une bonne petite orgie avec des femmes de peu de vertu dans la crasse et les morbacks . Hein ? C'est pas plus joli çà ?

Laisse le tranquille, il est amoureux et çà ne lui fera que du bien...
En plus elle est très mignonne cette petite, un peu trop portée sur la boisson mais on ne peut pas être parfaite.
Malbrouk, n'oublie pas que tu l'as déflorée cette petite et qu'elle s'est donnée à toi par amour.
Il n'y a pas que le plaisir charnel, toi aussi tu l'aimes cette Jaid et je suis sûre qu'elle t'empêchera de t'emporter pour un oui ou pour un non.
Cà y est Malbrouk, un travail, un champ de blé, une maison, tu es arrivé au stade suprême et c'est à toi de montrer que tu es digne d'elle.
Hum...Si tu pouvais cesser de boire non ?

Citation :

Vous tombez bien Messire, Amiens s'intéresse à ses fidèles travailleurs. Je suis venue prendre le pouls de votre degré de tolérance face à l'expression orale, y compris en étudiant les changements d'attitude dans le temps par rapport aux mêmes expressions... et par rapport à d'autres ouï-dires...

Alors...euhm ? Je note...

Pouark la voilà
Enfin, la voilà

CHTING !!! disparition des deux energumènes.

Hips... Jaid ? Z'êtes bien vous ? Jaid...
Euh...Scusez moi...je goutais à la bière nouvelle et je sens comme une amertume que je me dois d'étudier pour en parler avec le tavernier...
Z'allez bien ?

Chancellant et immitant des coups d'épée dans le vent.

Z'les avez tous étripé les bandits ?
Bandits de grand chemin, qu'ils z'y viennent chez moi, j'te leur montrerai moi, aussi sec...COUIC...Zigouillés les vils !
Du coup Jaid, je sais pas si vous la connaissez, serait à mes côtés pour touzours car Zaid c'est une guerrière et ze l'aime...
Moi, ma Jaid, elle est ma vie maintenant...
OUPLA, attention, c'est pas qu'une histoire de sexe même si il fait bon goûter son miel !
Elle est belle et si douce et puis j'ai l'impression quand j'la regarde qu'elle me comprend et qu'elle est mon destin...
Ahhhh...oui...ma Zaid tout à moi...je voudrais la cajoler tout le temps mais attention c'est une guerrière et faut la respecter ma Zaid !

Se frottant energiquement le visage, cul au sol et sourcils froncés.

Me semblez bien crottée ma Belle !
Que s'est-il passé ?

Puis le regard porté sur le visage.

OOOOHHHH !!! JAID !!!

Tentant de se relever

SCHBLAM !!!

échec cuisant.

Je suis si content de vous voir, vous m'avez manqué tellement manqué ma princesse, ma reine.
Mais je manque à tous mes devoirs, voulez ptêt ben des oeufs crus et bien frais ? j'en ai chapardé à la vieille pie qui habite à côté...Mais..euh...chutttt...

Le doigt sur la bouche.

Une petite bière avec un soupçon d'amertume peut être ?

ÔÔÔ...Que Diable...Autant vous l'avouer, j'suis complètement bourré...j'suis paf de chez paf... Faut comprendre ma mie...
Je vous désire et c'est terrible, çà me tord les boyaux tellement je vous aime...
Depuis que je vous ai croisé, j'peux plus vous effacer de ma tête.
Je vous veux et...j'vous veux...

Se grattant les cheveux, bouche pateuse.

C'était quoi votre question ?

Regarde.... regarde comme il boit avidement....regarde comme il aime ça. Vois-tu ses yeux retournés par l'allégresse de l'ivresse ?
Penche-toi un peu, t'as pas vu ?
Que crois-tu qu'il fasse tous les jours pendant que son blé pousse... Tu crois qu'il compte les épis ? Suis même pas sûr qu'il sache compter tiens celui-là... à part les chopines et les pucelles vites oubliées au profit des filles de joie...
Regarde, regarde bien Jaid....Tu le sais au fond de toi que c'est grave. Tu sais au fond de toi qu'il t'a DEJA trahie...C'est fait, C'EST DEJA FAIT, IL T'A DEJA TROMPE !!!Comment, tu en doutes ? IL NE T'A MEME PAS ATTENDU POUR PICOLER !!!


Ne l'écoute pas ma petite, ce Malbrouk est tout ce qu'il y a de mieux pour toi. Certes il semble être un peu porté sur la boisson mais quel homme ne l'est pas en ces temps difficiles ?


Meuuuuh arrête la nunuche !! Tu sais très bien comment ça va finir c't'histoire... deux pochtrons imbibés qui finiront leurs jours comme ils les ont commencés : Au fond du ruisseau avec une tremblotte d'ivrognes...
Regarde....regarde comment vous allez finir :


Là sur ce point mon collègue a raison ma petite Jaid, il faut que vous appreniez à boire modérément et vous entre-aider dans ce sens, afin que chacun ressorte grandi de cette épreuve et que la sobriété puisse vous apporter tout le bonheur que le Très-Haut a voulu v.... Jaid.... Jaid ? Tu m'écoutes ma fille ? JAID !!!!


... Mais Jaid n'écoutait déjà plus. Le regard figé vers l'homme merveilleux oeuvrant devant elle, testant au nom de leur amour une nouvelle bière toute amère, au péril de sa vie sans doute, elle ne pouvait que rester béate d'admiration et toute séduite face à la démarche chancelante et imbibée de celui qui, une fois de plus, lui apparaissait comme un héros.

ÔÔÔ...Que Diable...Autant vous l'avouer, j'suis complètement bourré...j'suis paf de chez paf... Faut comprendre ma mie...
Je vous désire et c'est terrible, çà me tord les boyaux tellement je vous aime...
Depuis que je vous ai croisé, j'peux plus vous effacer de ma tête.
Je vous veux et...j'vous veux...

Tout était de sa faute... elle était restée trop longtemps silencieuse et le héros, avec force et courage, s'était noyé dans l'alcool afin d'oublier son chagrin.
Comment pourrait-elle rattrapper son erreur ?
Il fallait le lui demander. Aussi Jaid s'approcha de son bien-aimé et s'accroupit à ses côtés, balançant ses ustensiles-alibis pour caresser les cheveux de son doux capitaine.

* Huuuummm !!!! Il a de la bière dans la barbe !! Si j'allais la lui enlever ? *

D'un coup, la tentation vint la chatouiller. Ils étaient là, tous les deux à raz des paquerettes juste à côté du tonneau, et Jaid se prit à imaginer ce que pouvait être la délicieuse torture que de goûter à ce nectar interdit.


Oh Messire, que je comprend votre tristesse !!! ( regard orienté vers le tonneau ) Moi-même je ne sais plus quoi faire pour m'étourdir et vous oublier. ( regard vers Malbrouk ) Je vous aime, je vous veux, je vous désire, je n'en puis plus !!! ( regard vers le tonneau ) Que diriez-vous de boire ensemble pour nous oublier l'un-l'autre ? Et ensuite... vous me direz comment je puis me faire pardonner de vous.


Moment de réflexion.
Image en tête.
Chuchottement...

Vous n'avez qu'à demander et ce sera OUI d'avance...

Vous n'avez qu'à demander et ce sera OUI d'avance...

... ...

Vague idée de l'ivrogne, tentative d'approche pour...tout oublier...et...



et encore...



ARGHHHH...Par Aristote, que c'est bon le pêché !!!

Tant d'efforts pour un seul ivrogne désaoulait ineluctablement et Malbrouk, tout transpirant allongé auprès de sa belle encore accrochée à son tonneau n'avait envie que d'une chose mis à part la caresser toujours plus de bas en haut et de haut en bas par divers chemins que lui offrait ce corps si parfait, c'était de partager encore plus avec sa Reine des bois...

Jaid, Jaid, vous serait-il possible de lâcher mon fût un instant ma belle, rien qu'un petit instant...?

Je voudrais vous monter...euh...montrer quelquechose qui tient du secret d'Etat...
Une invention que j'ai tiré de la mythologie quand les curetons s'acharnaient encore à me faire apprendre quelquechose...

Par miracle, l'homme à vide arriva à se lever puis il tira les pieds de sa Jaid...

Suffit maintenant ma douce, suivez moi donc !

Après un temps certain de discussion, la belle suivit donc son homme.
Arrivés au fin fond des bois main dans la main, Malbrouk enleva un tas de feuillage jusqu'à ce qu'un passage apparut.

Eheh...C'est ma cache secrète...Venez donc sans peur ma douce.

Un instant de marche courbés, les deux pochtrons se retrouvèrent au paradis des ivrognes.



Hum...Cà, c'est juste une réserve en cas d'attaque, y'a assez pour tenir une décennie sans manger mais je crains que le tavernier m'ait trompé sur la marchandise , vous savez ? l'amertume...

Puis tirant la belle un peu plus loin

En fait, je voulais vous montrer çà...Tadam !

Sur le sol, on pouvait distinguer des plans et des dessins.



Regardez là bas, mon oeuvre, mon chef d'oeuvre :



Devant l'air dubitatif de sa belle, Malbrouk ne put s'empêcher de se mettre nu et de revetir son apparat puis bougeant les bras, plumes s'envolant un peu partout dans la cache.

Voilà, qu'Aristote me pardonne mais le voleur de poule que l'on recherche partout dans le village c'est bien moi, mais c'est pour faire avancer la science...
De toute façon, elles m'aimaient pas ces poules...
De la cire et des plumes, un peu de bricolage et me voilà prêt pour la gloire !
D'après mes calculs, il suffit que je me lance d'une falaise et que je batte en douceur des bras pour que nous volions comme des anges...

Qu'en pensez vous mon aimée ?

Puis baissant la tête

Rien que d'en parler avec vous, çà me fait un effet boeuf !

En moins de quelques minutes, Jaid n'était plus devenue qu'un tonneau de bière ambulant pret à tout entonner pourvu que son gosier avide soit enfin rempli.


... Mais un tonneau de bière ambulant qui explose en des milliers de feux d'artifices, cela n'était pas banal tout de même !


... Quant au bouquet final, jamais il n'avait été autant à la hauteur !


PAR ARISTOTE, MALBROUK PARDONNEZ MOOOOOOOIIIIIIIIII !!!!!!!!!! Entendit-on dans tout le village.


Une fois remise de ses émotions, du moins le croyait-elle, Jaid resta muette de béatitude un moment, songeant qu'à ce prix, il lui faudrait demeurer absente un peu plus souvent...
Son merveilleux amant, son doux et tendre Malbrouk, celui à force d'élégance, de sacrifice et de douceur, savait se révéler être le plus fascinant des hommes. Elle aurait donné sa vie entière, une vie entière d'ébats et d'alcools pour la partager ne serait-ce qu'un instant de plus avec lui.
Cependant Jaid n'était pas encore au bout de ses surprises...

Jaid, Jaid, vous serait-il possible de lâcher mon fût un instant ma belle, rien qu'un petit instant...?

Je voudrais vous monter...euh...montrer quelquechose qui tient du secret d'Etat...
Une invention que j'ai tiré de la mythologie quand les curetons s'acharnaient encore à me faire apprendre quelquechose...

MMmh ???

Le tonneau ambulant se leva, assez disgracieusement il fallait le dire...et s'adonna à une danse assez frénétique improvisée ... .... qui se termina fatalement sur le gazon.

Malbrouk lui prit la main et l'emmena vers ce qu'il appelait une cache secrète. Jaid le suivit en toute confiance, sa main dans la sienne, jusqu'au fin fond des bois. Le toucher de sa peau contre la sienne la faisait frémir d'un désir crescendo qu'elle essayait de maîtriser. C'est alors que le héros débusqua un lieu paradisiaque, si reculé que personne ne le trouverait jamais.



De tels endroits n'existaient que dans les rêves les plus fous de Jaid. Et tandis que Malbrouk lui indiquait des plans et des dessins auxquels elle ne comprenait... .... il fallait le dire... ... pas grand chose, elle le vit se mettre tout nu avec ses trois petits poils adorables sur le torse et se mettre à battre des ailes comme un pigeon, enfin, plutôt comme une poule ( crête et bec en moins il va sans dire )

Alors c'était vous mon héros le voleur de poules ?? Quelle merveilleuse idée avez-vous eu là !!!Ces sales bêtes ne méritaient pas d'autre sort ! J'espère que vous leur avez fait du mal ?

Le nez de Jaid trahit soudain une haute inquiètude, comme une odeur animale. Cela ne pouvait pas venir du corps tout nu de Malbrouk, elle s'en serait rendu compte auparavant.... non, cette odeur là, qu'elle connaissait bien mais que son nez n'identifiait pas encore, était celle d'une bestiole beaucoup plus odorante...
Malbrouk, enthousiaste et adorablement nu , était tout à ses calculs et à leurs formidables projets d'avenir. Jaid se rendit compte pendait qu'il parlait qu'elle l'avait sacrément griffé dans le dos


De la cire et des plumes, un peu de bricolage et me voilà prêt pour la gloire !
D'après mes calculs, il suffit que je me lance d'une falaise et que je batte en douceur des bras pour que nous volions comme des anges...

Qu'en pensez vous mon aimée ?


J'en pense, j'en pense... que je veux m'envoler avec vous Messire ! Au bout du monde sur vos épaules ! Emmenez-moi dans vos voyages, emmenez moi nue sur votre corps nu et nous volerons et convolerons loin de la bénédiction d'aristote !

Puis elle se mit à réfléchir.

Euh... vous n'auriez pas un deuxième exemplaire de cette merveille ? J'ai peur que nous soyons lourds tous les deux. Et puis.... Aristote m'en garde, j'ai peur de commettre quelques bêtises si je me retrouve nue contre vous en plein vol . Si vous le voulez, je puis me lancer moi aussi à la chasse aux poules dans tout le village ! Je suis déjà une voleuse d'échelle alors...

Un bruit plus précis se fit soudain entendre à l'entrée de la cache secrète. Cette fois Jaid avait compris.

C'est Kronenbourg, dit-elle à son bien-aimé. A chaque fois que j'ouvre une bouteille de Calva ou une chopine de bière ( en vous attendant bien entendu ) ce satané dada rapplique et veut me voler ma boisson. Sûr qu'il a été attiré par l'amertume de la bière. Et le pire c'est que quand je lui en donne, il devient doux comme un agneau

Elle regarda Malbrouk qui commençait à se rabattre les plumes sur le corps.

Pourriez-vous rester tout nu encore un peu ? C'est juste que... j'aime vous voir ainsi

le coq sans crète et sans bec déplumé à l'avant mais bien fourni pour le reste laissait donc sa future poule s'éloigner pour repousser l'immonde bestiole à quatre pattes et ivrogne de surcroît.

Membres balants et yeux en l'air, notre Icare nouvelle génération réfléchissait et beaucoup de questions en tête le taraudaient

Mordiou, elle a peut être raison la petite, on serait peut être trop lourd à moins qu'on soit trop léger ce qui serait tout aussi dangereux...

Malgré la poire qu'il avait reçu dernièrement sur la tête après une nuit agitée, Malbrouk n'avait pas les notions nécessaires pour répondre à cette question.

Va donc falloir concevoir deux nouvelles ailes mais...

Là, plus de notion scientifique, Malbrouk savait qu'il n'y avait plus énormement de poules intactes dans le village et qu'il allait donc falloir s'attaquer à d'autres bêbêtes emplumées.

Rhumf...canards ? pigeons ? mésanges ? les oies !!! Oui, bonne idée ! Les oies blanches.
Ôôôô qu'elle serait belle mon oie blanche avec son poulet tout à elle !

Mais il fallait aussi préparer sa douce à un entrainement poussé car ne devient pas poulet qui veut...
Il avait vécu des moments de supplice à battre des...bras sur une planche en bois pendant des heures le dos bien droit et une coque sur ses attributs pour ne pas les écraser et tout celà sans boire ce qui de toute évidence avait été le plus dur...

Négligeant de se rhabiller, il se mit à quatre pattes pour continuer ses calculs savants avec un baton en guise de...plume sur la terre meuble pour dessiner

Combien d'oie à alpaguer et à déplumer, la quantité de cire, le nombre de nuit à se cacher en attendant que les propriétaires s'endorment, le nombre de confession pour chaque vol commis.

Trop de calcul en si peu de temps, il fallait au moins un tonneau à son gosier pour reprendre ses mathématiques car il en était sûr, son idée génial ne pouvait venir que de son gosier ethylique.

Un appel auprès de sa belle.

Jaid, ma belle Jaid ? En avez vous fini avec cette animal sans plume ?

Mais un doute s'emparait de lui : la Jaid aimait bien l'amertume de SA bière et toute aussi jouvancelle qu'elle était, il n'empêchait pas moins qu'elle avait la gorgée facile pour ne pas dire que c'était une pochtronne de luxe.
Et s'il y avait bien quelquechose que Malbrouk savait, c'était qu'une ivrogne aussi belle et douce soit elle restait une ivrogne quand même.

Le scientifique se releva brusquement et battant des ailes pour aller plus vite, il accourut dans sa réserve pour y chercher sa poulette.

Jaid, Jaid ?
Tout va bien ma petite rose blanche ? ...

Mais.... Mais c'est qu'il me mordrait la sâle bête !!! Maugréait Jaid en repoussant le dada par le popotin. Rhâââââ.... sauve-toi ! Chuchotta-t-elle tandis que son héros emplumé revenait vers l'avant de la cachette.

Vous savez, tout ce que vous me dites me donne matière à réfléchir pour trouver une nouvelle matière à vos expériences.( en fait, cette pseudo-réflexion lui venait au fur et à mesure mais elle voulait impressionner son Coq aviné et cuit à point afin qu'il pense qu'elle avait AUSSI un cerveau).

Il va nous faloir opérer la nuit, dans le noir de préférence, vous savez, quand il n'y a plus de soleil. Et nous déguiser en poule pour ne pas effrayer les villageois. Ainsi nous passerons inaperçus et même les poules nous confondront avec leurs congénères, vous saisissez ?

Elle marchait en prenant un air grave, poing fermé derrière le dos, un air de femme qui réfléchit malgré toute l'improbabilité de la chose.

Oui mais si nous agissons la nuit, les poules ne pourront pas nous voir... ajouta-t-elle, songeuse.

D'un autre coté si les villageois voient deux poules marchant côte à côte en plein jour, ils vont se douter de quelque chose...

Ca devenait fatiguant de réfléchir

Vous n'auriez pas une chopine ? Je me sens défaillir à vous voir vous trémousser comme ça.

Depuis que sa Jaid était partie dans la ferme résolution de dénicher des poules pour s'envoyer en l'air avec Malbrouk , l'ivrogne ne vivait que dans l'inquiétude.

Mais où qu'elle est ? Mais où qu'elle est ? MAIS OUKELE ?

Il n'avait pas vu de feux multicolores depuis trop longtemps et çà devenait pire que de ne pas avoir de calva en bouche.

Jaid ? Une belle bleue, une verte ou un jaune alors...

Il fallait agir mais par ou commencer ?

Voyons voir...euh...boire du calva !
Ensuite...euh...par Aristote...euh...boire du calva !
Bon on se ressaisit...alors par quoi dois-je commencer ?...Calva ? Oui !

Le pauvre était de toute évidence désemparé et perdu dans son calva.

Puis il décida de grimper sur son perchoir non sans tomber deux ou trois fois.

Boire...*hips* du *hips* calvaaa...

Un cri d'alerte peut être ? Les mains en porte voix.

JAAIIIID, ON VA LES VOLER ENSEMBLE LES POULES MAIS FAUT ETRE DISCRET CRENOM !!!

Pas de réponse, juste le gargouillis de son ventre...

Pour faire passer le temps, il prépara un plan d'attaque sur tout le village à l'aide d'un parchemin.
La tenue devait être parfaite et pour celà il lui fallait une crète à fixer sur sa tête, quelques plumes au postérieur et une entrainement intensif pour immiter une poule ou mieux encore un coq.

Il fallait aussi trouver un nom à l'opération.

Euh...Poulettes en péril ! Oui voila Opération poulettes en péril !

Il fallait admettre aussi que l'entrainement intensif pour apprendre à sa beauté de voler viendrait plus tard...

Dediou, que de travail en perspective !

Epuisé par toutes ses réflexions, il considéra qu'il était temps de reétudier cette amertume qui le gênait dans la bière tout en espèrant que sa poulette revienne...

A attendre que sa poulette revienne, Malbrouk n'en pouvait plus de réaliser son rêve.
Il regardait ses ailes toutes prêtes et connaissait déjà la falaise d'où il comptait prendre son élan.

La patience n'était pas tellement son faible mais sa capacité à admettre que quelqu'un puisse comprendre son désir profond de voler plus haut et vite que n'importe quel oiseau se limitait à l'évidence que celà ne pouvait être possible.

Le bougre se dirigea donc arnaché de son plus bel ouvrage à plume en direction de sa piste d'élan.
Il regarda le ciel gris et venteux, toucha la terre meuble et humide de trop de pluie et commenca à pousser la planche à roulette sur laquelle il s'était allongé fourni de ses belles ailes et tandis que la descente accelerait son envol , il cria son testament au cas où il s'écraserait lamentablement au loin :

J'ai vu tant de choses, tant de choses que vous ne pourriez imaginer, l'attaque de dragons perdus dans l'immensité de la mer, les étoiles me souriant tout en me cédant le passage avec majesté et tous ces instants s'évanouiront dans le temps comme les larmes sous la pluie.

Cà y est, il sentait déjà en lui l'âme de l'épervier l'envahir , le soleil n'était plus loin de sa destinée mais il ne se brûlerait pas les aîles lui, il saurait ménager son attirail afin de virevolter auprès des mésanges, des hirondelles et des rouge-gorges, il prendrait ensuite la route pour accomplir sa propre odyssée dans le Royaume, planant des plus lointains empires de l'Est aux plus latins comtés du Sud...

Il ferma les yeux et retint sa respiration pour ce divin sacrilège qu'était ce vol au côté d'Aristote qui se profilait quand une rafale de vent dépluma toute une partie de son aîle gauche et lui plaqua mille plumes de poule sur son visage provoquant par la même un déséquilibre du pauvre Malbrouk de sur sa planche à roue.

La chute fut on ne peut plus impressionante et la planche continua seule sa route vers l'histoire.
Le grand ivrogne n'était plus qu'un demi poulet déplumé et blessé...

Après un long moment de silence, l'Icare nouvelle version se releva avec ce qui lui restait de son attirail et s'approcha de la falaise.
Il leva la tête au ciel et fit un signe en souriant aux oiseaux qui le narguaient.

Peut être que ce jour là l'avait convaincu que la réalité pouvait être un rêve si l'on accordait moins d'importance au rêve dans la réalité.
Alors, il jeta son chef d'oeuvre déplumé et brisé du haut de la falaise et prit comme résolution de retourner à son champ non sans avoir englouti au moins un tonneau de sa réserve car à n'en pas douter un bon Malbrouk était un Malbrouk ivre.

Trainant son honneur blessé, sa conscience lui glissa un petit air de musique approprié

Il venait de loin ce pigeon, de très loin même, et c'est en ayant en mémoire le souvenir de son père ( zigouillé ) et de son grand-père ( mangé aux petits oignons ) que le petiot se posa sur l'arbre de Malbrouk.

Citation :

( Par quoi je commence, j'y vais direct ? Ouais j'y vais direct )


Cher Malbr ( rature )

Oh toi grand j ( grosse tache )

Aspirant Mal ( transpiration )

Cher Ami ,

Aucune fête improvisée ne pouvant s'organiser sans votre absence , j'ai la joie d'oser espérer aimer et vouloir, vous y inviter vous et votre Calva . ( je dis ça ou je dis au Calva de venir tout seul ? )

Garde-à-vous Aspirant !!

Venez donc accompagné si vous le souhaitez , le point de ralliement se trouvera sur la grande halle d'Amiens et le feu de joie commencera dès que je saurai allumer un feu .

Ne soyez pas trop sobre !


La petite Jaid.