[Rp] Résidence Wollekje

Résidence Wollekje, en face de la cathédrale Notre-Dame

[Rp] Résidence Wollekje Amiensplacenotredameqn0

Clément-Mathieu avait quitté l'Auberge de l'Ecu d'Or où il avait délicieusement mangé et bu. Il portait un sac qui contenait son minimum vital, petits instruments, ingrédients culinaires rares, partitions, casquettes,... En fait, son sac était même plutôt lourd à porter.

Il était passé quelques jours auparavant pour faire une demande de logement. Il désirait habiter en face de la cathédrale, se réveiller avec le carillon des cloches. On lui avait fait un petit plan avec l'itinéraire à suivre depuis l'auberge.

Sur le trajet, il s'était arrêté chez un charpentier qui lui fit une pancarte indiquant le nom de la maisonnée. Il la trimballait sous son bras inoccupé.

Il marcha un moment dans l'ombre de la cathédrale. Les enfants jouaient, les vieillardes comèraient, les chiens couraient, les oiseaux chantaient. Le carillon sonna l'heure pile, les oiseaux réfugiés dans le clocher s'envolèrent. Comme prédit par le Crieur de la Météo, le temps était rythmé par les éclaircies. Celle-ci n'allait pas durer.

Il arriva à la maison numéro vingt-huit. La sienne. Demeure de trois étages, tous en colombages, façades à deux vitrées.

Il déposa ses affaires sur le seuil, couvert par le toit, et se décida à entrer. Le matériau prédominant était le bois. Un âtre noirci par l'usure s'imposait dans la pièce, prêt à chauffer les pièces de la demeure. Les vitres laissaient entrer une lumière essentielle à l'ambiance visuelle de la pièce.

Il alla sur le seuil, prit la pancarte de bois et la cloua sur le linteau de la porte. Résidence Wollekje. En l'honneur de sa maman, étant surnommée Wollekje par son mari en raison de son nom, Madeleine. Le rapport ?! En Néérlandais, laine se dit "wol", on y rajouta le suffixe "je" ce qui donna Wollekje, petite laine.

Travail fini, il plaça ses quelques affaires prises avec lui. Les ingrédients et épices dans une étagère à côté de la crémaillère de l'âtre, les partition, rangées dans un secrétaire en recul.

Ceci fait, il s'allongea dans un fauteuil moelleux comme ceux de la chancellerie...

Il s'était assoupi. Il rêvait.

Le tonnerre le réveilla. Il ne savait depuis combien de temps il dormait. Il n'entendait plus les enfants courir. Il n'entendait plus que le martellement de la pluie sur les carreaux de sa nouvelle demeure. Il se leva péniblement, un flash lumineux l'éclaira. Il avait juste le temps d'allumer deux chandelliers avant que cela ne recommence.

Il s'approcha de la fenêtre. Le temps magnifique de la journée était devenu orage. La Picardie. Il ne savait trop quoi faire. Il se dirigea vers le coin culinaire. Des oignons dans l'étagères, des épices dans une autre,... Il n'avait aucune envie de déjà cuisiner. Il retourna s'assoir dans son fauteuil. Il avait déposé quelques partitions sur le secrétaire, il les prit en mains.

In Memoriam. Sûrement la prochaine oeuvre de la chorale. Il coninuait à feuilleter le petit tas de papier rythmé par l'alphabet magique de la musiqe. Il arrivait à la fin du tas. La dernière page était une carte. Il en fut étonné car lui qui n'a aucun sens de l'orientation hors de son milieu... Il l'a regarda, l'observa. Il remarqua les comtés du sud. Son père, Breton, vantait toujours leur mérite. "Fiston, eux, ils vont découvrir de nouvelles terres. Si tu veux l'aventure, c'est là que tu dois aller !" Ses yeux s'arrêtèrent sur deux villages. Lourdes et Mauléon... Mauléon-Licharre. Il ne sait pourquoi ces deux-là etpas deux autres. Il ne sait pourquoi deux villages à une quinzaine de kilomètres de l'Aragon. Il ne savait pas pourquoi.

Il jeta la carte sur l'accoudoir et se leva brusquement. Il marcha vers son sac contenant son strict minimum, c'est-à-dire, énormément. Il en sortit des tableaux de peinture. Il n'était pas amateur d'art mais il aimait comparé les payasage, imaginer ce que les gens d'là-bas mangeaient, ce qu'ils faisaient, ce qu'il buvaient, comment ils dormaient. Le tableau représentait des grandes montagnes, les Pyrénnées. Il resta devant le tableau une demi-heure durant. Il ne prêtait plus attention à l'orage, à la foudre et au tonerre.

Montagnes, je viendrai vous retrouvez !

Il déposa le tableau et reprit la carte. Après son baptème par Mgr Jackmor, il irait dans la région pyrénnéenne. C'était une promesse, son serment.

C'était sa promesse, son serment...

Il reprit la carte dans les doigts. Pouvait-il déjà tout abandonner ainsi ? C'était la question qu'il s'était posée durant le reste de la soirée. L'orage avait cessé. Quelques rayons lumineux éclairaient à présent la pièce. Il ne pouvait pas... Et pourtant, c'est ce qu'il allait faire.

Il prit un bout de papier. Un mot d'excuse à la Chorale artésienne, à l'évèque et à la Chambellan.

Il se leva et retourna appuyer son front contre la vitre de la façade. A peine avait-il emménagé qu'il allait repartir. Il était dans une position fort génante.

Il se rassit, prit la plume qu'il utilisait pour la composition de partitions et gratta le papier. En quelques instants, les papiers furent entièrement remplis.

Comment pouvait-il annoncer cela...