Le port d'attache de Lison et Alric

Alric ne rentrait pas seul.

Le fardeau de sa peine s'était soudain alourdit.
Il regrettait vraiment de s'être rendu à ce rendez-vous. Quel malicieux esprit avait bien pu lui inspirer de s'y rendre ?

Il s'effondrat en pleurant sur son lit. La nuit serait blanche, sans rêve...

Alric n'avait pu trouver, de toute la nuit, quelque chose qui ressemblat au sommeil.

Avec les premières lueurs du jour, il rassembla ses quelques possessions et les fourra dans un sac qu'il jetat sur son épaule. Un dernier regard autour de lui et il sortit.

Sa porte verrouillée, il s'en fut sans se retourner.

Alric déverrouilla sa porte et déposa son baluchon.

Il revenait chez lui le coeur léger, après trois nuits passées sous les étoiles. La rosée du matin avait lavé son coeur et son esprit.
Maintenant qu'il était, enfin, sorti du radoub, il allait pouvoir prendre un nouveau cap.

Dans son jardin, Alric écoutait le silence. Amiens ne bruissait pas ce soir.

En cette fin de journée, avec la nuit qui allait commencer à tomber, ce silence ajoutait à l'impression de repos.
Un léger courant d'air amenait vers lui des parfums.

Cette soirée était vraiment belle.

La journée de travail avait été épuisante.

Néanmoins, en rentrant chez lui, Alric prit son courage à deux mains et retroussa ses manches.
Sa petite maison avait en effet bien besoin d'un sérieux ménage.

D'autant que sa Majesté arrivait demain à Amiens...

Alric était tout excité dès son réveil avec les premiers rayons du soleil.

Aujourd'hui était historique pour Amiens. Et il bénit le ciel d'avoir guidé ses pas jusqu'ici et de lui permettre de vivre cela.

Ayant déjeuné rapidement, il prit soin de sa toilette pour se rendre digne de la journée qui commençait.

Alric poussa la porte de sa maison avec un large sourire sur les lèvres.

Une bonne journée s'achevait. Une excellente même...
Il était vraiment content. L'avenir s'annonçait sous de très bons auspices.

Discrètement, la journée se terminait.

Alric profitait de la douceur du soir au jardin, écoutant la Somme vivre sa vie, à quelques encablures. Il était bien.
Heureux même, peut-être. Mais cela, il n'aurait pu le dire avec certitude.

Sa vie de poursuivait normalement, sans tempête fortuite et malheureuse ; le cours de ses projets se déroulait normalement.
Que demander de plus en fait ?

Rien bien sûr...

Sur le chemin du départ, Lilly s'arrêta chez Alric, elle déposa la clé avec un mot.

Nous partons en voyage et j'aimerais que tu me rende un service.
Je te confie la clé de chez moi, donne la à Erel. Je t'en remercie d'avance.
Tu vas beaucoup me manquer
Bisous
Lilly

Puis Lilly et Athor continuèrent leur chemin.

Erel passe devant chez Alric quand il pense qu'il doit prendre la clé de chez Lilly et Athor pour s'occuper de leur maison en leur absence.
Il frappe à la porte et attend qu'Alric lui ouvre.

Alric revenait de sa journée de travail.

Devant sa maison l'attendait Erel. A son intention, Lilly avait confié la clé de sa maison à Alric.

Bonsoir Erel, j'espère que tu n'as pas attendu trop longtemps.

Alric retira de sa poche le précieux sésame et la remit à Erel.

Tiens. Lilly me l'a confiée à ton intention.

Erel pris la clé que lui donnai Alric.

Merci Alric, bonne soirée.

Il salua ce dernier et continua son chemin pour aller travailler dans son champs de blé.

Rentrant chez lui, Alric ressentait une profonde lassitude.

La fatigue des longues journées de labeur n'y était sans doute pas étrangère. Mais il savait fort bien que telle n'en était pas l'unique raison.

Nombre de ses amis étaient en voyage. Et il ne savait dire sous quels cieux ils se trouvaient désormais.
Il n'était certain que de l'endroit où ils n'étaient pas...

Alric se réveilla le sourire aux lèvres et le coeur léger.

Il prit un rapide déjeuner et s'installa commodément pour faire ses comptes. La veille, sa dernière récolte s'était encore vendue dans la journée - une fort bonne chose.

Dans son esprit lui revint une phrase que lui disait parfois son père, lorsqu'il négociait sur le marché sa pêche de la veille :

"Le plus important, mon fils, est de vendre le fruit de son travail, et pour cela, il faut que les braves gens puissent l'acheter. Un juste prix, voilà le secret, assez pour que tu puisses vivre honnêtement, pas trop car sinon personne n'achètera jamais."

Lorsque, jadis, il était pêcheur, il avait fait de ces paroles son credo. Et aujourd'hui encore, elles lui semblaient tout à fait d'actualité.

Alric rentrait chez lui à l'heure à laquelle, habituellement, il se levait.
La nuit avait été longue et animée, avec la milice d'Amiens.

Il était épuisé et décida d'aller dormir quelques heures.

Alric passait une bien triste soirée.

Le message que la colombe avait abandonné sur la place du Don lui avait porté un rude choc. Il regrettait amèrement de ne pas avoir vu, tant qu'il en était encore temps, ce qui allait se passer.
Dans le même temps, il savait bien qu'il préfèrait savoir Bilbokine heureuse ailleurs que malheureuse à Amiens. Elle avait toujours été si gentille avec lui - "mon bouchon" comme elle l'appelait...

La nuit tombait et il alluma une bougie pour y mieux voir. Dans la faible lueur, il pria le ciel d'accorder à Bilbo tout le bonheur qu'elle méritait, et qu'elle avait tant dispensé autour d'elle.

Alric considérait d'un oeil amusé la cassette où il gardait ses économies ; elle s'était considérablement allégée...

L'ouverture de son échoppe de boulanger avait, en effet, opéré une large ponction dans ses finances.

"Mais ça valait vraiment la peine" se dit-il, en posant le regard sur le fournil rutilant. Dans quelques jours, il allait se mettre à l'ouvrage. Il songeait déjà à la bonne odeur du pain tout juste sorti du four...

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Deposa sa petite lettre pres de la porte

L'odeur des quelques miches cuites la veille emplissait encore l'échoppe.
Dans le secret de son fournil, Alric avait réalisé sa toute première fournée de pain et, ce matin, les six miches terminaient de refroidir.

Il décida d'y goûter sans plus attendre.
...
Le pain était bon, mais il n'avait pas la finesse de celui qu'il avait acheté au marché. Il y avait encore du travail, un tour de main à acquérir...

"Si c'est en forgeant que l'on devient forgeron, ce doit être en pétrissant que l'on devient boulanger", se dit-il.

Ce faisant, il sortit...

Revenant chez lui, Alric se dirigea vers la remise accolée à son logis. Que sa maison donne sur deux rues différentes, et notamment sur la Somme, était bien pratique parfois.

Il sortit la barque de la remise et vérifia qu'elle était en bon état. Apparement, c'était le cas. "Parfait", pensa-t'il.

Avant de repartir, il jeta à l'embarcation un regard malicieux qui disait : "A ce soir...".

La nuit était tombée. Alric avisa le ciel ; un nuage bienvenu masquait la lune, qui allait plonger la rue et les abords de sa maison dans l'obscurité. Une obscurité propice au bond déroulement de son projet.

Avec mille précautions, pour ne pas faire le moindre bruit, il souleva la barque - Dieu qu'elle était lourde - et la porta jusqu'au bord du fleuve.

Doucement, très doucement, il fit glisser l'embarcation dans l'eau. Un léger clapot lui signifia son arrivée à bon port.

Alric sauta à l'intérieur, saisit les rames, en commenca sa progression, doucement, en silence...

Alric s'était remis à l'ouvrage devant son fournil.

La fournée de la veille était partie telle qu'elle était (comme des petits pains) et Alric en était fort satisfait.

La nouvelle fournée était en train de cuire et embaumait la pièce tandis qu'Alric procédait à un petit nettoyage de son lieu de travail.

Alric terminait de déjeuner quand il entendit, à l'extérieur, un gémissement plaintif. Qu'était-ce ? Il sortit pour en savoir plus.

Devant sa porte, il découvrit une boule de poils aux yeux d'or, à peine plus grosse que le poing. Sans doute la petite bête, tentée par l'aventure, ignorante de sa jeunesse et préjugeant de ses forces s'était elle éloignée de sa mère, et venait maintenant chercher ici la sécurité....

Alric souleva l'animal, qui se blottit à la saignée de son coude, et rentrat.
Dans la cuisine, il la déposa devant le four encore tiède et lui versa un reste de lait.

C'est malheureusement tout ce que je puis te servir pour le moment...

Quelques lapées de lait plus tard, dans la douce chaleur de l'endroit, le chaton s'endormit.

Profitant de sa pause de midi, Alric courut jusque chez lui.

Dans la cuisine, il chercha et chercha encore... Jusqu'à retrouver la petite bête empêtrée dans un tas de chiffons. Il sourit en voyant sa mine déconfite.

Il versa dans l'écuelle un peu de lait frais et émietta un peu de poisson dans une assiette.

Bon appétît. A ce soir. Il faudra te trouver un nom quand même...

Alric referma la porte et retourna à sa tâche.

En rentrant chez lui, Alric retrouva la petite boule de poils qui l'attendait derrière la porte de la cuisine. Dès son entrée, elle se mit à poursuivre ses chausses...

Alric la prit dans ses bras et s'assit à la table. Le chaton le regardait de ses grands yeux d'or ; elle semblait l'avoir adopté.

Et ce nom alors, tu y as réfléchis ? Moi j'ai pensé à Calypso, c'est joli non ?

Le chaton le gratifia d'un coup de langue rapeux sur le nez ; était-ce assentiment ?

Puisque tu as l'air d'accord, bienvenue ici Calypso !